ACTE PREMIER
TYLTYL. – Mytyl ?
MYTYL. – Tyltyl ?
TYLTYL. – Tu ne dors pas ?
MYTYL. – Et toi ?… Maman…!
TYLTYL. –Je ne dors pas puisque je te parle…
MYTYL. – C’est Noël, ?
TYLTYL.
On voit tout !…
MYTYL
– Je ne vois pas…
TYLTYL. – Il neige !…
MYTYL. – Mais j’ai pas du tout de place !… Maman…!
TYLTYL. – Tais-toi donc. On voit l’arbre !… On
entend la musique ?...On joue aux boules de neige
MYTYL. –
Jouons aussi!
TYLTYL. – (On frappe.) Qu’est-ce que c’est
?…
MYTYL (épouvantée). – C’est Papa !…
LA FÉE. – Avez-vous ici l’herbe qui chante ou
l’oiseau qui est bleu ?…
TYLTYL. – Nous avons l’herbe mais elle ne chante
pas…
MYTYL. – Tyltyl a un oiseau.
TYLTYL. – Mais je ne peux pas le donner…
LA FÉE. – Pourquoi…
TYLTYL. – Parce qu’il est à moi.
LA FÉE. – C’est une raison, bien sûr.– Je n’en
veux pas ; il n’est pas assez bleu. Il faudra que vous alliez me chercher celui
dont j’ai besoin.
TYLTYL. – Mais je ne sais pas où il est…
LA
FÉE. – Moi non plus. C’est pourquoi il faut le chercher. C’est pour ma fille
qui est très malade.
TYLTYL. – Qu’est-ce qu’elle a ?…
LA
FÉE. – On ne sait pas; elle voudrait être heureuse…
TYLTYL. – Ah ?…
LA FÉE. – Savez-vous qui je suis ?…
TYLTYL.
– Vous ressemblez un peu à notre voisine, ma-dame Berlingot…
LA
FÉE (se fâchant subitement) . C’est abominable !… Je suis la Fée
Bérylune… (se fâchant subitement). Comment me vois-tu ?… Comment donc
suis-je faite ?… (Silence gêné de Tyltyl.) Eh bien, répondras-tu ?… que
je sache si tu vois ?… Suis-je belle ou bien laide ?… (Silence de plus
en plus embarrassé.) Tu ne veux pas répondre ?… Suis-je jeune ou
bien vieille ?… Suis-je rose ou bien jaune ? J’ai peut-être une bosse ?…
TYLTYL (conciliant). Non, non, elle n’est
pas grande…
LA FÉE. – Mais si, à voir ton air, on la croirait
énorme… C’est bien curieux, les hommes… Depuis la mort des fées, ils n’y voient
plus du tout et ne s’en doutent point… Heureuse-ment que j’ai toujours sur moi
tout ce qu’il faut pour rallumer les yeux éteints… Qu’est-ce que je tire de mon
sac ?…
MYTYL. – Oh ! Ce sont des lunettes…
LA FÉE. - Ce sont des lunettes virtuelles. As-tu
un ordinateur
TYLTYL.
– Ah !… Mais la mère…
LA FÉE. –Tiens, comme ceci, vois-tu ?… elles
ouvrent les yeux…
MYTYL. – Ça ne fait pas mal ?…
LA FÉE. – Au contraire … On voit à l’instant ce
qu’il y a dans les choses ; l’âme du pain, du vin, du poivre, par exemple…
MYTYL. – Est-ce qu’on voit aussi l’âme du sucre ?…
LA
FÉE (subitement fâchée). – Je n’aime pas les questions inutiles… L’âme
du sucre n’est pas plus intéressante que celle du poivre… Voilà, je vous donne
ce que j’ai pour vous aider dans la recherche de l’Oiseau Bleu…
1 ПЕРЕСТАНОВКА
TYLTYL. – Qu’est-ce que c’est que ce vilain
bonhomme ?…
LA FÉE. - Rien de grave ; c’est l’âme de Pain
TYLTYL. – Et le grand diable rouge?…
LA FÉE. Chut !… Ne parle pas trop haut, c’est le
Feu… Il a mauvais caractère.
TYLTYL. – Et la dame mouillée ?…
LA FÉE. – N’aie pas peur, c’est l’Eau qui sort du
robinet…
LE CHIEN (hurlant, sautant, bousculant tout,
insuppor-table). – Mon petit dieu !… Bonjour ! bonjour, mon petit dieu
!… Enfin, enfin, on peut parler ! J’avais tant de choses à te dire !… Bonjour !
bonjour !… Je t’aime !… Je t’aime… Veux-tu que je fasse quelque chose
d’étonnant ?…
TYLTYL (à la Fée). – Qu’est-ce que c’est que
ce monsieur?…
LA FÉE. – Mais tu ne vois pas ?… C’est l’âme de
Tylô …
LA
CHATTE (s’approchant de Mytyl et lui tendant la main,
cérémonieusement, avec circonspection). – Bonjour, mademoiselle… Que
vous êtes jolie ce matin !…
MYTYL. – Bonjour, madame… (À la Fée.) Qui
est-ce…
LA FÉE. – C’est facile à voir ; c’est l’âme de
Tylette …
LE CHIEN (bousculant la Chatte). Moi aussi
!… J’embrasse le petit dieu !… J’embrasse la petite fille !… J’embrasse tout le
monde !…
LA CHATTE. – Monsieur, je ne vous connais pas…
MYTYL (avec inquiétude). – Que veut-elle ?…
LA FÉE. – Mais c’est l’âme du Sucre !…
TYLTYL. – C’est la Reine !
MYTYL. – C’est la Sainte Vierge !…
LA FÉE. – Non, mes enfants, c’est la Lumière…
TYLTYL (effrayé). – C’est Papa !…
LA
FÉE. – Enleve des lunettes !… Pas si vite !… Mon Dieu ! Il est trop tard
!… Tu les as enlevé trop vite.
LE PAIN (tout en larmes). Il n’y a plus de
place dans la huche !…Il me mangera le premier !…
LE
CHIEN (gambadant autour de Tyltyl). Mon petit Dieu !… Je suis encore ici
! Encore ! encore ! encore !…
LE FEU (qui n’a cessé de parcourir
vertigineusement la pièce en poussant des sifflements d’angoisse).
Je ne trouve plus ma cheminée !…
L’EAU (qui tente vainement de rentrer dans le
robinet). – Je ne peux plus rentrer dans le robinet !…
LE
SUCRE (qui s’agite autour de son enveloppe de pa-pier). – J’ai crevé mon
papier d’emballage !…
LA
CHATTE. –Que va-t-il arriver ? Est-ce que c’est dangereux ?
LA
FÉE. – Mon Dieu, je dois vous dire la vérité : tous ceux qui accompagneront les
enfants, mourront à la fin du voyage…
LA CHATTE. – Et ceux qui ne les accompagneront pas
?…
LA FÉE. – Ils survivront quelques minutes…
LA CHATTE (au Chien). – Je m’en vais…..
LE
CHIEN. – Non, non !… Je ne veux pas !… Je veux accompagner le petit dieu !…
LA CHATTE. – Imbécile !
LE
PAIN (pleurant à chaudes larmes). Je ne veux pas mourir à la fin du
voyage !… Je veux rentrer tout de suite dans ma huche !…
TOUS
(à l’exception du Chien et de la Lumière). – Oui ! oui ! Tout de suite
!… Mon robinet !… Ma huche !… Ma chemi-née…Mon emballage !…
LA FÉE. – Sont-ils bêtes, mon Dieu !… Vous
aimeriez donc mieux continuer de vivre dans vos vilaines boîtes, dans vos
robinets que d’accompagner les enfants a la recherche de l’Oiseau bleu?…
TOUS
(à l’exception du Chien et de la Lumière). – Oui ! oui ! Tout de suite
!… Mon robinet !… Ma huche !… Ma chemi-née… Mon emballage!…
LA FÉE (à la Lumière qui regarde rêveusement
les débris de sa lampe). – Et toi, la Lumière, qu’en dis-tu ?…
LA LUMIÈRE. – J’accompagnerai les enfants…
LE CHIEN (hurlant de joie). – Moi aussi !
moi aussi !…
LA FÉE. – Voilà qui est des mieux. Du reste, il
est trop tard pour reculer ; vous n’avez plus le choix, vous sortirez tous avec
nous… Mais toi, le Feu, ne t’approche de personne, toi, le Chien, ne taquine
pas la Chatte, et toi, l’Eau, tiens-toi droite et tâche de ne pas couler
partout… Vite, vite, ne perdons pas de temps…
ACTE DEUXIÈME
LA
CHATTE. – Voyons, c’est assez bavardé, le temps presse… Il s’agit de notre
avenir… Vous l’avez entendu, la Fée vient de le dire, la fin de ce voyage
marquera en même temps la fin de notre vie… Il s’agit donc de le prolonger
autant que possible et par tous les moyens possibles…
LE PAIN. – Bravo ! bravo !… La Chatte a raison !…
LA CHATTE. – Écoutez- moi… Nous tous ici à
présent, animaux, choses et éléments, nous possédons une âme que l’homme ne
connaît pas encore. C’est pourquoi nous gardons un reste d’indépendance ; mais,
s’il trouve l’Oiseau Bleu, il saura tout, et nous serons complètement à sa merci…
C’est ce que vient de m’apprendre ma vieille amie la Nuit … Il est donc de
notre intérêt d’empêcher à tout prix qu’on ne trouve cet oiseau, fallût-il
aller jusqu’à mettre en péril la vie même des enfants…
LE CHIEN (indigné). –Répète!...
LE PAIN. – Silence !… Vous n’avez pas la parole !…
Je préside l’assemblée…
LE FEU. – Qui vous a nommé président ?…
L’EAU (au Feu). – Silence !… De quoi vous
mêlez-vous ?…
LE FEU. – Je me mêle de ce qu’il faut… Je n’ai pas
d’observations à recevoir de vous…
LE SUCRE (conciliant). – Permettez… Ne nous
querellons point… L’heure est grave… Il s’agit avant tout de s’entendre sur les
mesures à prendre…
LE PAIN. – Je partage entièrement l’avis du Sucre
et de la Chatte…
LE
CHIEN. – C’est idiot !… Il y a l’Homme, voilà tout !… Vive l’Homme !… À la vie,
à la mort, pour l’Homme !… l’Homme est dieu !…
LE PAIN. – Je partage entièrement l’avis du chien
et de la chatte.
LE
SUCRE (intervenant avec douceur). – Permettez… N’aigrissons pas la
discussion… D’un certain point de vue, vous avez raison, l’un et l’autre… Il y
a le pour et le contre…
LE PAIN. – Je partage entièrement l’avis du Sucre
et… !…
LA
CHATTE. –Attention !… N’ayons l’air de rien… Je vois s’avancer la Fée, la
Lumière et les enfants… La Lumière s’est mise du parti de l’Homme ; c’est notre
pire ennemie… Les voici…
Entrent à droite, la Fée et la Lumière, suivies de
Tyltyl et de Mytyl.
LA FÉE. – Eh bien ?… Qu’est-ce que c’est ?…
Vous avez l’air de conspirer… Il est temps de se mettre en route…
2 ПЕРЕСТАНОВКА
Je viens de décider que la Lumière sera
votre chef… Vous lui obéirez tous comme à moi-même … Les enfants visiteront ce
soir leurs grands-parents qui sont morts… Vous ne les accompagnerez pas, par
discrétion…
LE PAYS DU SOUVENIR
MYTYL. – Tyltyl ?
TYLTYL. – Mytyl ?
TYLTYL. – С’est toi ?…?
MYTYL.
– Où sont PÉPÉ et MÉMÉ ?
TYLTYL. – Derrière le brouillard… Nous allons
voir…
MYTYL.
– Je ne vois rien du tout !… Je ne vois plus mes pieds ni mes mains… (Pleurnichant.)
J’ai froid !… Je ne veux plus voyager… Je veux rentrer à la maison…
TYLTYL.
– Ne pleure pas tout le temps, comme l’Eau… Tu es une grande petite fille !…
Regarde, le brouillard se lève déjà… Nous allons voir ce qu’il y a dedans…
TYLTYL
(les reconnaissant tout à coup). – C’est PÉPÉ et MÉMÉ !…
MYTYL
(battant des mains). Oui ! oui !… PÉPÉ !… MÉMÉ!…
TYLTYL
(encore un peu méfiant). – Attention… On ne sait pas encore s’ils
remuent… Restons derrière l’arbre…
GRAND-MAMAN TYL. – J”ai une idée que nos
petits-enfants qui sont encore en vie vont nous voir aujourd’hui…
GRAND -PAPA TYL. – Bien sûr ; ils pensent à nous
TYLTYL et MYTYL (se précipitant de derrière le
chêne). – PÉPÉ !… MÉMÉ!…
Les grands-parents et les enfants s’embrassent
follement.
GRAND-MAMAN
TYL. – Que tu es grandi, mon Tyltyl!
GRAND-PAPA
TYL (caressant les cheveux de Mytyl). – Et Mytyl !…
Дедушка
учит Тильтиля играть в гольф. Тильтиль делает бросок и попадает дедушке мячиком
в глаз
GRAND-PAPA
TYL (donnant à Tyltyl une gifle retentis-sante). – Voilà pour toi !…
TYLTYL
(un instant déconcerté, mettant ensuite la main sur la joue, avec
ravissement). – Oh ! les claques que tu donnais quand tu étais vivant… que
ça fait du bien !… comme tout est à sa place !…
MYTYL.
– Et voici le vieux merle !…
TYLTYL
(remarquant avec stupéfaction que le merle est parfaitement bleu).
– Mais il est bleu !… PÉPÉ , MÉMÉ!… voulez-vous me le donner ?…
GRAND-PAPA
TYL. – Bien oui … Qu’en penses-tu, Maman Tyl ?…
GRAND-
MAMAN TYL. – Bien sûr, bien sûr… Il ne fait que dormir…
GRAND
-PAPA TYL. – Tu sais, je n’en réponds pas, de l’oiseau… Je crains bien qu’il ne
puisse plus s’habituer à la vie agitée et qu’il ne revienne ici par le premier
bon vent…
Dans la maison, l’horloge sonne huit heures.
GRAND-MAMAN TYL (stupéfaite).–Qu’est-ce que
c’est ?…
GRAND-PAPA TYL. – Ma foi je ne sais pas… Ce doit
être l’horloge…
GRAND-MAMAN TYL. – Ce n’est pas possible… Elle ne
sonne jamais…
GRAND-PAPA TYL. – Parce que nous ne pensons plus à
l’heure… Quelqu’un a-t-il pensé à l’heure ?…
TYLTYL. – Oui, c’est moi. Quelle heure est-il ?…
GRAND-PAPA
TYL. –Elle a sonné huit heures.
TYLTYL. –Mytyl, nous n’avons pas de temps !…
GRAND-MAMAN TYL. –Encore quelques minutes !…
TYLTYL. – Non,ce n’est pas possible…Allons,
Mytyl,allons !…
GRAND-MAMAN TYL. – Revenez tous les jours !…
TYLTYL. – Tiens ! l’oiseau n’est plus bleu
! Il est devenu noir!…
MYTYL. – Donne-moi la main, petit frère…
J’ai bien peur et bien froid…
LE PALAIS DE LA NUIT
LA
CHATTE (se laissant choir avec accablement sur les degrés de marbre).
C’est
moi, mère la Nuit… Je n’en peux plus…
LA NUIT. –Qu’est-ce qu’il est arrivé ?…
LA CHATTE. – Je vous ai déjà parlé du petit
Tyltyl, il vient ici pour vous réclamer l’Oiseau Bleu…
LA NUIT. – Il ne le tient pas encore…
LA
CHATTE. – Il le tiendra bientôt, si nous ne faisons pas quelque miracle… Voici
ce qui se passe : la Lumière vient d’apprendre que l’Oiseau Bleu, le vrai, le
seul qui puisse vivre à la clarté du jour, se cache ici, parmi les oiseaux
bleus des songes qui se nourrissent des rayons de lune et meurent dès qu’ils
voient le soleil…
LA
NUIT. – Seigneur, seigneur !… En quels temps vivons-nous ! Je n’ai plus une
minute de repos…
LA
CHATTE. –Je ne vois qu’un moyen : comme ce sont des enfants, il faut leur faire
une telle peur qu’ils n’oseront pas insister ni ouvrir la grande porte du fond,
derrière laquelle se trouvent les oiseaux de la lune…
Entrent
timidement à droite, au premier plan, Tyltyl, My-tyl, le Pain, le Sucre et le
Chien.
LA
CHATTE (se précipitant au-devant de Tyltyl). – Par ici, par ici, mon
petit maître… J’ai prévenu la Nuit qui est enchan-tée de vous recevoir…
TYLTYL. – Bonjour, madame la Nuit…
LA
NUIT (froissée). – Bonjour ? Je ne connais pas ça… Tu pourrais bien me
dire : bonne nuit, ou tout au moins : bonsoir…La Chatte vient de me dire que
vous venez ici pour chercher l’Oiseau Bleu ?…
TYLTYL. – Oui, madame
LA NUIT. – Je n’en sais rien, mon petit ami…
il n’est pas ici… Je ne l’ai jamais vu…
MYTYL.
– Si, si… La Lumière m’a dit qu’il est ici ; et elle sait ce qu’elle dit la
Lumière…
TYLTYL.
– Donnez-moi vos clefs ?…
LA
NUIT. – Mais, mon petit ami, tu comprends bien | que je ne puis donner mes
clefs| au premier venu…
MYTYL. – Vous n’avez pas le droit de les refuser à
l’Homme … je le sais…
LA NUIT. – Qui te l’a dit ?…
TYLTYL. – La Lumière…
LA NUIT. – Encore la Lumière ! et toujours la
Lumière !…
LE CHIEN. – HOUA!… HOUA!…
TYLTYL. – Tais-toi et tâche d’être poli… (À la
Nuit.) donnez-moi vos clefs, s’il vous plaît…
LA NUIT (se résignant à l’inévitable).
–Voici celle qui ouvre toutes les portes de la salle…
TYLTYL (prenant la clef et montant les
premières marches). Qu’y a-t-il derrière cette porte ?…
LA NUIT. – Je crois que ce sont les Fantômes…
LE
PAIN (claquant des dents). – Ce n’est pas que j’ai peur, mais ne
croyez-vous pas qu’il serait préférable de ne pas ouvrir et de regarder par le
trou de la serrure ?…
MYTYL (se mettant à pleurer tout à coup). –
J’ai peur !… Où est le Sucre ?… Je veux rentrer à la maison !…
LE
SUCRE (empressé, obséquieux). – Ici, mademoiselle, je suis ici… Ne
pleurez pas. Je vais couper un de mes doigts pour vous offrir … (ТИЛЬТИЛЬ ОТКРЫВАЕТ ДВЕРЬ)
LA
NUIT. – Vite ! vite !… Ferme la porte !…
TYLTYL – Qu’y a-t-il derrière cette porte ?…
LA NUIT. –Ouvre-la si ça te fait plaisir… Ce sont
les Maladies…Elles sont bien tranquilles, les pauvres petites… L’Homme, depuis
quelque temps, leur fait une telle guerre !… Surtout depuis la découverte des
microbes… Ouvre donc, tu verras…
Tyltyl ouvre la porte toute grande. Rien ne
paraît.
LE RHUME DE CERVEAU (éternuant, toussant et se
mouchant). –Moi? Je suis le RHUME DE CERVEAU!!! Les medecins me persecute de
moins et je me porte le mieux Mon temps n’est pas encore venu? Comment? je me
suis trompé? c'est Noël!? C’est trop tôt... bien, bien... je pars, mais je
reviendrai au printemps…
TYLTYL (allant à la porte voisine). Qu’y
a-t-il derrière cette porte ?…
LA NUIT. – Prends garde… Ce sont les Guerres…
Elles sont plus terribles et plus puissantes que jamais…
TYLTYL. – Vite ! vite !… Poussez donc !…
LA NUIT. –Pain, que faites-vous ?… Poussez tous !…
TYLTYL Qu’y a-t-il derrière cette porte ?…
LA NUIT (gravement). – N’ouvre pas
celle-ci…
TYLTYL.
– Pourquoi ?…
LA
NUIT. – Parce que c’est défendu…
TYLTYL.
– C’est donc là que se cache l’Oiseau Bleu
LA
NUIT (maternelle). – Écoute-moi, mon enfant… ne tente pas le Destin,
n’ouvre pas cette porte…
TYLTYL
(assez ébranlé). – Mais pourquoi ?…
LA
NUIT. – Parce que je ne veux pas que tu te perdes…
Mytyl,
tout en larmes, pousse des cris de terreur inarticu-lés et cherche à entraîner
Tyltyl.
LE
PAIN (claquant des dents). – Ne le faites pas, mon petit maître !… (Se
jetant à genoux.) Ayez pitié de nous !… Je vous le demande à genoux… Vous
voyez que la Nuit a raison…
TYLTYL. – Je
dois l’ouvrir…
MYTYL
(trépignant parmi des sanglots). – Je ne veux pas !… Je ne veux pas !…
TYLTYL.
–le Sucre et le Pain, prenez Mytyl
LA
NUIT. – Sauve qui peut !…
Elle
fuit.
Ils se cachent derrière les colonnes à
l’autre bout de la salle. Tyltyl reste seul avec le Chien,
près de la porte monumen-tale.
LE
CHIEN (haletant et hoquetant d’épouvante contenue).
– Moi, je
reste, je reste… Je n’ai pas peur… Je reste !… Je reste !… Je reste…
TYLTYL (caressant
le Chien). – C’est bien, Tylô, c’est bien !… Oh !… le ciel !… (Se
re-tournant vers ceux qui ont fui.) Venez vite !… Ils sont là !… Des
milliers d’oiseaux bleus ! Des millions !… Des milliards !…
LA
NUIT. – Ils ne l’ont pas ?…
LA
CHATTE. – Non… Je le vois là sur ce rayon de lune… Ils n’ont pas pu
l’atteindre, il se tenait trop haut…
LA
LUMIÈRE. – Eh bien, l’avez-vous pris ?…
TYLTYL.
–Ils ne vivent plus… Ah ! non,!…
MYTYL.
- Qui les a tués ?…
LA
LUMIÈRE (le serrant maternellement dans ses bras).
– Ne pleure pas, mon enfant… Tu
n’as pas pris celui qui peut vivre en plein jour…
LE CHIEN– Est-ce qu’on peut les manger?…
LE ROYAUME DE L’AVENIR
MYTYL
Où sont le Sucre, la
Chatte et le bon Pain?...
LA LUMIÈRE
Ils ne peuvent pas
entrer ici
TYLTYL
Et le Chien ?...
LA LUMIÈRE
II n'est pas bon qu'il
sache ce qui l'attend dans la suite des siècles...
MYTYL
Dieu que c'est beau tout
ça!...
TYLTYL
Où sommes-nous?...
LA LUMIÈRE
Nous sommes dans le
royaume de l'Avenir, au milieu des enfants qui ne sont pas encore nés.
TYLTYL
Qu'est-ce qu'ils
font?...
LA LUMIÈRE
Ils attendent l'heure
de leur naissance
TYLTYL
L'heure de leur naissance?...
LE TEMPS,
Ceux dont l'heure est
sonnée sont-ils prêts?
DES ENFANTS BLEUS Nous
voici!... Nous voici!... Nous voici!...
LE TEMPS
Un à un !... Ce n'est pas
ton tour!- Rentre, c'est pour demain... Toi non plus, rentre et reviens dans
dix ans... Encore des médecins?- Il y en a déjà trop... Et les ingénieurs?- On
veut un honnête homme, un seul, comme phénomène... Où donc est l'honnête
homme?... C'est toi?- Tu as l'air bien chétif- tu ne vivras pas longtemps!...
Et toi, qu'apportes-tu?- Rien du tout? les mains vides?... Alors on ne passe
pas... Prépare quelque chose, un grand crime, si tu veux, ou une maladie, moi,
cela m'est égal... mais il faut quelque chose... On demande un héros qui
combatte l'Injustice; c'est toi, il faut partir
LES ENFANTS BLEUS
II ne veut pas, monsieur
LE TEMPS
Comment?... Il ne veut
pas?... Pas de réclamations, nous n'avons pas le temps...
LE PETIT, (оля)
Non, non!... Je ne veux
pas!... J'aime mieux ne pas naître!... J'aime mieux rester ici!
LE TEMPS
II ne s'agit pas de ça...
Quand c'est l'heure, c'est l'heure !...
UN ENFANT, s'avançant (настя)
Oh! laissez-moi passer!...
J'irai prendre sa place! On dit que mes parents sont vieux et m'attendent
depuis si longtemps!
LE TEMPS
Pas de ça... L'heure est
l'heure et le temps est le temps. L'un veut, l'autre refuse, c'est trop tôt,
c'est trop tard (окинув всех взглядом)
Il en manque encore un... Toi, le petit qu'on appelle
l'Amoureux, dis adieu à ta belle...
PREMIER ENFANT (коля)
Monsieur le Temps,
laissez-moi partir avec elle!
DEUXIÈME ENFANT
Monsieur le Temps,
laissez-moi rester avec lui! (лиза)
LE TEMPS
Сe n'est
pas pour mourir, c'est pour vivre! Viens !...
PREMIER ENFANT
Un signe!... Un seul
signe!... Dis-moi, comment te retrouver!...
DEUXIÈME ENFANT
Je t'aimerai toujours !...
LE TEMPS, agitant ses
clefs et sa faux
Assez! assez!... L'ancré
est levée !...
TYLTYL– Qu’est-ce que
c’est ?… Ce n’est pas eux qui chantent…
MYTYL – Oui, c’est le
chant des Mères qui viennent à leur rencontre…
LE RÉVEIL
LA MÈRE TYL, d'une voix
allègrement grondeuse
Debout, voyons, debout les
petits paresseux!- Vous n'avez donc pas honte?... Huit heures sont sonnées, le
soleil est déjà plus haut que la forêt!... Dieu! qu'ils dorment, qu'ils
dorment!
Entre la Voisine, petite
vieille qui ressemble à la Fée du premier acte, et qui marche en s'appuyant sur
un bâton.
LA VOISINE
Bien le bonjour et bonne
fête à tous !
TYLTYL
C'est la Fée Bérylune !
LA VOISINE
Bonjour, les enfants, ça
va bien?...
TYLTYL
Madame la Fée Bérylune, je
n'ai pas trouvé l'Oiseau bleu...
LA VOISINE
Berlingot, tu veux dire
Berlingot
TYLTYL
Bérylune, Berlingot, comme
vous voudrez, madame...
LA MÈRE TYL
À propos, comment va ta
petite fille ?
LA VOISINE
Le docteur dit que c'est
les nerfs... Tout de même je sais bien ce qui la guérirait...
LA MÈRE TYL
Oui, je sais, c'est
toujours l'oiseau de Tyltyl Eh bien, Tyltyl, prete-le enfin, à cette pauvre
petite?
TYLTYL
Quoi, maman?...
LA MÈRE TYL
Ton oiseau...
TYLTYL
Tiens, voila l'Oiseau
bleu que nous avons cherché !... Nous sommes allés si loin et il était ici!...
La voilà, madame Berlingot...
LA PETITE FILLE. Il est a
moi ?
TYLTYL. Il est a toi ?
LA VOISINE, poussant la
petite Fille dans les bras de Tyltyl
Allons, va, ma petite, va
remercier Tyltyl...
LA MÈRE TYL
Eh bien, Tyltyl, qu'est-ce
que t'as?... embrasse-la...
(Кошка подкрадывается и
птица улетает)
LA PETITE FILLE, poussant
un cri de désespoir
Maman!... Il est parti!...
TYLTYL
Ce n'est rien... Ne pleure
pas... Je le rattraperai... (S'avançant sur le devant de la scène et
s'adressant au public.) Si quelqu'un le retrouve, voudrait-il nous le
rendre?... Nous en avons besoin pour être heureux plus tard...
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